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Composer, compositeur

Journal du projet FACE (2)

Je viens de passer au travers des motifs que les élèves m’ont proposés. J’en ai conservé 12 mélodiques, 7 rythmiques et huit propositions d’effets vocaux. Je vais les utiliser dans la mesure du possible. La lecture de ces travaux m’aura aussi permis de mieux cerner leur langage musical.

Entre-temps, je me suis amusé à préparer du matériel de composition en prenant le nom de FACE comme source. Deux approches sautent à mes yeux : FACE comme notes de la gamme (fa, la, do et mi) ou encore les intervalles liés à la fonction de chacune de ces notes (1 3 5 7, fondamentale, tierce, quinte et septième de l’accord). Pour cette dernière, j’interprète la fonction par un intervalle dicté par le nombre de demi-tons. Ainsi, 3 égal la tierce mineure ; 5 égal la quarte juste ; 7 égal la quinte juste. Pour ce qui est de 1, je lui donne la valeur d’octave afin d’éviter la répétition de note.

Comme notes de la gamme, FACE me fournit, grâce aux renversements et aux mélanges, 24 combinaisons différentes. En les transposant dans toutes les tonalités, cela nous fait 288 motifs !

Puisque j’ai quatre intervalles, cela me donne un groupe de cinq notes. J’ai aussi ajouté le paramètre des directions de notes (vers le haut ou vers le bas). Je me suis fait un petit tableau qui commence ainsi (HHHH) et qui se termine avec (BBBB) ou H désigne un intervalle ascendant et B un intervalle descendant. En tout, 14 patrons de direction combinés à 24 combinaisons de positions multipliés par 12 tonalités me donnent au total 4 032 associations !!!

Tout ça pour me donner un peu d’idée…

Les élèves ont bien accueilli la musique pour Le cirque court-circuité, mais ils trouvent le sujet du cirque un peu jeune pour eux. Il faut les comprendre, car ils sont du secondaire quatre et cinq et qu’à cet âge, ils aimeraient avoir des textes qui collent un peu plus à leurs réalités. Aussi, ils devront me remettre des textes d’ici au 18 décembre pour la suite des choses en ce qui concerne le répertoire choral.

Le temps s’égrène et enfin le calendrier me permet de souffler un peu pour me permettre de travailler encore plus sur le projet.

World Premiere of “Duel”

Yesterday night in Saint-Jérôme, the young pianist Philippe Prud’Homme made the world premiere of my piano piece Duel. I was there with my wife. Philippe took it off with flying colors. He told me his intention of making a recording of it for a futur demo after Hollydays. His program was quite ambitious. We have to realize that Philippe has barely six years of piano behind him at age 18. Still he shows mastery and great musicality. Check him out in the future.

Première mondiale de «Duel»

Hier soir à Saint-Jérôme, le jeune pianiste Philippe Prud’Homme a créé ma pièce pour piano Duel. Ma conjointe m’accompagnait pour l’occasion. Philippe s’en est bien tiré pour une première non seulement publique, mais pour une création. Il m’a fait part de son intention d’enregistrer la pièce après les fêtes pour une maquette. Son programme était très ambitieux. Il faut réaliser qu’à l’âge de 18 ans, Philippe fait preuve, avec à peine six ans de piano derrière lui, d’une grande maîtrise et d’une musicalité indéniable. Il faudra le surveiller de près.

Networking

I was at the Trebas Institute Graduation last Thursday. I always attend this event with great pleasure. I have then the opportunity to meet again my former students. At this occasion, I was asked to make an address to them. This was the occasion to talk about the reality of the business for those who think school is an end by itself.

During my years at the Conservatoire de musique, the business aspect was not really covered by any special courses. In fact, we were so wrapped into the daily practice of our instrument that most of us got into the business almost as an act of shear luck. We did not have any specific wisdom provided to us other than having a rule stating the impossibility for the students to accept any work outside the institution unless permission was granted! I understand the principle behind it, but it did not really help us to understand the way the then outside world was working. The only way some information could leak to us was by the side by talking to our private teachers.

On theses days I thought I needed at least three strings on my bow: playing, teaching and composing. As time went by I had to add another one: the digital world.

I focused my speech on networking. How to value the people surrounding us is of the utmost importance. We never know from which side an opportunity might show up. We never know when as well. And like a colleague of mine told me: “This is a people’s business”. So it is not a matter of being a pain in the ass or to overexpose yourself to your contacts, but rather to notify them about your whereabouts and your business developments. I think proper to keep it at the business level and to not mingle with personal information like some do on online social network.

And you? How do you interact with your network?

Le compositeur et son interprète

J’ai rencontré hier pour la première fois un jeune pianiste prometteur, Philippe Prud’homme, qui va créer ma pièce pour piano Duel. On s’était contactés il y plusieurs mois déjà par l’intermédiaire de Michel Longtin, mon mentor et ami. Il me parlait d’un jeune plein de talent qui cognait aux portes de tous les compositeurs de l’université afin de leur demander s’ils avaient des pièces pour piano. Je lui ai envoyé un courriel lui proposant ma pièce Duel.

Philippe avait des questions sur l’interprétation en vue d’un concert qui aura lieu le 12 décembre, au cours duquel ma pièce sera créée.

C’est à ces occasions que l’on se rend compte, comme compositeur, de la limite de communication de la partition écrite. Pour des choses qui nous semblent évidentes tant on s’est rejoué la pièce avec le séquenceur, l’interprète, de son côté, doit se réapproprier un nouvel univers. On réalise l’importance de la transmission de l’information et d’une certaine tradition. Est-ce que le compositeur lui-même serait prisonnier de sa vision? Comme si les indications sur la partition n’étaient pas assez précises, il me semble que trop d’information c’est comme pas assez! Je suis zen pour ce qui est de la notation musicale. J’essaie de mettre ce qui est nécessaire sans élaborer à outrance. Dans le fond, tout est devant soi sans artifice : la musique et sa structure.

La vision d’un interprète est teintée du répertoire auquel il est exposé, des influences auxquelles il a été soumis et de l’éducation qu’il a reçue. Ses intérêts doublés de son humanité sont aussi des apports non négligeables.

Composer c’est communiquer. Communication dit dialogue et dialogue dit échange. Un échange qui commence avec le compositeur et son idée, puis par le passage du témoin vers l’interprète. Puis la roue de transmission trouve sa finalité vers l’auditeur qui, à son tour, la sublimera dans sa tête et dans son cœur. Il la partagera peut-être avec ses proches. Il arrive que ce partage prenne une forme autre que le strict compte rendu d’un concert. C’est une attitude, une manière d’être, un subtil mélange entre le non-dit et le senti. Je crois fermement qu’une œuvre, une chanson, une peinture, une sculpture, un sourire, une main tendue ou toute autre signe du cœur et de l’émotion partagé nous marquent à jamais. Même si on ne mentionne à personne de ce qui nous allume ou ce qui nous a touché. La musique est là. Elle nous habite. Elle nous façonne à jamais. Elle nous rend meilleur parce qu’elle nous plonge loin en nous-mêmes pour nous transformer, nous nourrir et nous élever.

Et vous? Quel est votre rapport avec un interprète qui joue une de vos œuvres?