La structure de l’éducation musicale au Québec est présentement mise en danger. Le nombre d’heures consacrées à son étude a diminué de façon constante au fil des ans. Les harmonies scolaires disparaissent petit à petit faute d’avoir des élèves en nombre suffisant, mais surtout à cause du manque de temps consacré à la pratique instrumentale. On commence maintenant à en ressentir les effets au niveau des inscriptions aux universités, aux collèges et même dans les conservatoires régionaux. Jamais une fragilisation de l’infrastructure pédagogique musicale n’aura été aussi prononcée.
Les projets El Sistema sont intéressants. Il faut les encourager, car il revitalise une partie de la société souvent délaissée. Mais ils ne répondent qu’à une partie du problème puisqu’ils passent en général par le secteur privé. Si le système public tombe, c’est la société au complet qui en paiera le prix.
Par ailleurs, de façon plus large, la culture semble être la mal-aimée lorsque les temps sont difficiles économiquement. Elle est pourtant source de revenus importants dans cette même économie. Et contrairement à une approche purement tournée autour des gains pécuniaires, la culture élève la pensée et aide à structurer l’identité de ceux qui la font et de ceux qui la reçoivent.
Il faut faire comprendre à nos dirigeants l’importance de soutenir l’éducation musicale et qu’ils soient conscients de l’urgence d’agir dans l’intérêt de toute la société.
Attention, El Sistema est certainement intéressant mais quelles sont les conditions pour les enseignants spécialistes qualifiés ? Au Nouveau-Brunswick, El Sistema offre de mauvais salaires aux enseignants. De plus, El Sistema se déroule en fin de journée, moment où les enfants sont beaucoup plus fatigués donc moins en mesure de profiter de l’enseignement… Non, je crois que deux problèmes sont évidents. 1 les heures de musique au primaire sont ridicules. 2 la multiplication des cours optionnels dans les écoles secondaires, dans une réforme qui offre peu de plages à choix, nuit beaucoup à la musique.
François-Olivier, je ne peux commenter pour ce qui est des conditions de travail des professeurs avec El Sistema. Je suis tout à fait d’accord avec les deux points que tu mentionnes par la suite.
J’ai enseigné pendant 1 an à sistema St John. Le programme est réservé au familles défavorisées qui n’ont pas les moyens d’avoir des cours de musique privés. Oui, les cours sont après l’école et les jeunes sont fatigué mais, 3 heures par jour et 5 jours semaines et avoir le privilège de jouer d’un instrument de musique, cela les rends plus qu’heureux. Je n’ai jamais été aussi heureuse d’enseigner ma passion. De plus, nous voyons les jeunes changer du tout au tout. Présentement je suis enseignante de musique au primaire et cela me desole. Nous devons constamment nous battre pour garder les heures d’enseignements. C’est dommage car ce sont les futurs générations, nos enfants, qui ne bénéficieront plus de la culture. Il ne faut pas que la culture soit réservé qu’à l’élite, mais bien pour tous.
Merci, Isabelle, pour ce témoignage.
Je veux bien. Ce qui me taraude est la question suivante : Comment faire comprendre à nos dirigeants l’importance reliée au soutien de l’éducation musicale? Si quelqu’un a un moyen concret, j’aimerais le connaître, en être instruite. Quand on a vu neiger… vous savez … et j’en suis désolée. Il y a tant de palliers, tant d’intervenants, tant de délais entre ceux-ci… J’ai une flamme, mais le porte-étendard traine quelque part… Bien sûr que je peux le retrouver…! Ai-je dit que j’étais désolée? Merci.
J’ai tellement de respect pour les enseignants en musique. Les miracles qu’ils font avec le peu de temps alloué et les élèves qui ont de moins en moins de préparation à cause du manque de temps. Pour ce qui est des intervenants aux niveaux administratifs, le mot maître est bien « instruire ». On doit mettre de l’avant les coûts sociaux liés à la perte de la musique dans les écoles. Ils sont bien identifiés dans le document de la FHOSQ/FAMEQ. C’est en insistant sur les aspects cognitifs, les qualités de rassembleurs qui mettent en valeur une solidarité de groupe (quel autre « art », enseigné à l’école, permet d’avoir 40 élèves qui doivent jouer ensemble avec un but commun qui est plus grand que la simple addition des membres d’une harmonie?) et le développement individuel au service d’une meilleure connaissance de soi. Je comprends ton découragement, mais c’est l’ensemble de la société qui doit réagir.