Archives par mot-clé : Centre de musique canadienne

Heureux lauréat de la commande d’œuvre CMC Québec – FAMEQ 2014

Le Centre de musique canadienne au Québec a annoncé aujourd’hui que je suis l’heureux lauréat de la commande d’œuvre annuelle CMC Québec – FAMEQ en 2014. Cette oeuvre est dédiée à l’Harmonie et au chœur de la FAMEQ, qui la joueront au Grand concert du prochain congrès annuel de la Fédération des associations de musiciens éducateurs du Québec (FAMEQ) en novembre prochain à Trois-Rivières.

Merci au CMC Québec et à la FAMEQ de soutenir un rapprochement aussi précieux entre les compositeurs d’ici et la relève.

À chaque année, cette commande d’œuvre annuelle enrichit le répertoire musical pour harmonie scolaire et fait jouer et apprécier aux jeunes musiciens la musique de création des compositeurs québécois.

Détails  sur le site du CMC Québec

Capture-decran-2014-01-30-20.06.02

Dans les coulisses de la création

Plus que trois jours avant mon départ pour la Charente-Maritime et le Festival Eurochestries. Un rendez-vous avec de jeunes interprètes de Russie, de Turquie, de France, du Brésil et du… Québec!

Ce sera la création de ma pièce en trois mouvements pour orchestre : Saint-Exupéry : de cœur, de sable et d’étoiles.

L’expérience de diriger sa composition est l’occasion d’offrir certaines clés d’éléments qui constituent les fondements de l’œuvre. Comme le temps de répétition ne permet pas d’avoir des échanges poussés sur les motivations de l’écriture et l’exposition de ses composantes, j’ai jugé à propos de mettre à la disposition des musiciens et des curieux un petit document expliquant en partie le travail qui se fait en coulisse lors de l’écriture. Le document lève le voile sur l’origine des motifs qui à leur tour s’assemblent pour former des thèmes qui sont présents dans les trois mouvements.

Chaque compositeur est unique dans sa façon d’aborder la composition. Tellement d’options s’offrent à chacun des créateurs qu’il devient nécessaire de faire des choix qui limiteront le terrain de jeux. Trop d’éparpillement enlève de la force au discours musical et créé de la confusion pour l’auditeur. Ce tri au travers des éléments possibles de composition, la manière d’aborder les problèmes qui se présentent au cours du travail et les solutions choisies détermineront la personnalité de l’écriture et de son auteur.

Chaque pièce musicale possède son histoire, son ADN. La commande du festival s’inscrit dans la thématique Antoine de Saint-Exupéry. J’avais le souvenir du Petit Prince, mais il était essentiel de plonger littéralement dans ses écrits, dans sa vie et son époque. Des éléments forts ressortaient de cette recherche : le pilote, le Petit Prince, l’humaniste, la guerre, le tout lié par l’écriture qui est dense et sans compromis. Une prose qu’il veut sans fioriture. Aller directement au cœur de l’Homme, comme dans son écriture. C’est surtout cet aspect qui m’a littéralement envoûté. On est pris à bras le corps par cette écriture ferme, nettoyé du superflu.

J’ai pris quelques-uns de ces ingrédients pour fixer ma toile musicale.

Les titres de chaque mouvement sont entre parenthèses.

La vie de pilote de Saint-Exupéry, 1er mouvement (Vol de vie)

Le code Morse était en usage, aussi l’ais-je utilisé pour créer certains rythmes associés aux noms suivants : St-Ex, P-38, SOS, fleur. Le Morse est associé aux communications militaire et civile. Saint-Exupéry a embrassé ces deux mondes que ce soit avec l’Aéropostale ou avec l’armée française.

STEX

Tout comme dans Courrier Sud, Pilote de guerre et Vol de nuit, la ligne narrative ancrée dans le temps présent s’échappe à l’occasion pour philosopher sur le caractère de l’Homme. Il parle de la bravoure, de l’humilité et de la grandeur de ceux qui portent en eux la pureté de l’âme. Le mot pur est une constante chez lui lorsqu’il parle du ciel. Voler pour lui c’était s’extirper d’une vie sans relief et sans intérêt. Le premier mouvement se termine avec sa disparition du ciel en 1944.

 

Évocation de la rencontre du Petit Prince et de l’Aviateur, 2e mouvement (Les adieux au Petit Prince)

Les dunes chantantes servent de trame de fond pour l’arrivée de l’avion qui prend forme grâce aux rhombes qui font vibrer l’air. Puis le Petit Prince apparaît. Il se met à raconter les planètes qu’il a visitées et les aventures qu’il a vécues. Celle qui accapare ses pensées, la Rose, est personnifiée par le violon solo. Et c’est pour la retrouver qu’il demandera à retourner chez lui, vers les étoiles. Son retour sera provoqué par la morsure du serpent.

RECIT

Ainsi donc Saint-Exupéry et le Petit-Prince qui forment ensemble l’écrivain auront quitté la planète pour plonger dans l’éternité céleste…

Mais l’histoire ne fait que commencer!

L’humaniste, 3e mouvement (La Marche des Hommes)

La vie et l’œuvre de Saint-Exupéry sont universelles parce qu’elles parlent du cœur par le biais du vécu et qu’elles touchent aux valeurs fondamentales de l’entraide. Les valeurs qu’il défend sont celles du respect de sois et des autres. Ici, ce sont Citadelle, Lettre à un otage et Terre des Hommes qui soutiennent la structure de la pièce. C’est la Marche des Hommes qui s’unissent pour le bien commun. Des Hommes qui célèbrent le courage, la vie et l’amitié sans condition.

MARCHE

Pour les curieux, voici donc une petite fenêtre sur une de mes façons d’aborder la composition :  Presentation et motifs : Saint-Exupéry

Attention! Tendances créatrices à l’école.

Attention! Tendances créatrices à l’école

Il y a une petite révolution en marche au Québec. Avez-vous remarqué l’infiltration des compositeurs à l’intérieur des écoles? Avez-vous idée à quel point les manipulateurs du son peuvent avoir un impact sur les jeunes et leur perception de la musique actuelle? Pour en avoir un bel exemple, il suffit de lire l’article du journal The Gazette sur le compositeur Robert Frederick Jones qui a terminé la composition d’une œuvre à partir de son lit d’hôpital.

Artiste, compositeur et pédagogue aimé et respecté au Collège Vanier où il enseigne depuis 1976, Jones a vu son anthologie symphonique La Terra Promessa être créée par de jeunes artistes au concert de fin d’année de la chorale du Collège Vanier. Sous la direction de Philippe Bourque, le concert a eu lieu le vendredi 6 mai à l’Église Saint-Sixte à Ville Saint-Laurent. À cette formation vocale s’est ajouté le Chœur Saint-Laurent ainsi que l’Orchestre symphonique de l’école Joseph-François Perreault. Le public, composé d’élèves, de parents et d’amis, lui a réservé une ovation monstre après l’écoute de cette gigantesque fresque musicale d’une durée de plus de 40 minutes. Depuis plusieurs années, plusieurs œuvres sont d’ailleurs jouées par les élèves du Collège Vanier. C’est l’un des rares exemples d’intégration régulière de la composition moderne à l’intérieur d’une institution scolaire publique.

Les temps changent… pour le mieux.

Les écoles publiques font face à un défi de taille qui leur est imposé par la réforme en éducation : intégrer la composition musicale à l’intérieur de leur programme de musique déjà surchargé, tout en faisant face au problème du temps accordé à la pratique instrumentale. Les enseignants sont souvent démunis puisqu’ils n’ont pas tous eu une formation en ce sens. Plusieurs expériences et tentatives sont mises en œuvre pour stimuler un intérêt envers les créations musicales et leurs créateurs. Elles prennent plusieurs forment et plusieurs visages.

L’Orchestre symphonique de Laval a un compositeur en résidence qui ne se contente pas de composer. Il met aussi en marche l’esprit créateur des jeunes du niveau secondaire dans les écoles de Laval. Tim Brady est le complice du chef attitré de l’OSL, Alain Trudel. Ils ont tous deux concocté un programme intitulé : L’OSL et les écoles. Ils préconisent une formule originale :

« Tim visite durant plusieurs semaines une vingtaine de jeunes par école et les convie à la composition d’une œuvre, dont le succès ou l’échec (car les deux se peuvent lorsqu’il est question de création!) leur revient.

« Tim Brady couche ensuite sur papier les orchestrations finales (en suivant strictement les consignes et idées des jeunes compositeurs). Sous la direction d’Alain Trudel, les musiciens de l’OSL interprètent l’œuvre lors des matinées jeunesse en lien avec le thème abordé par la pièce. »

Quelle belle façon de stimuler la création, d’intéresser les jeunes à la musique de concert et, pour un grand orchestre, de s’approprier le volet implication communautaire.

D’autres partenariats ont pris forme au cours des dernières années :

  • L’Orchestre métropolitain du Grand Montréal a frappé un grand coup en créant la pièce pour orchestre et ensemble à percussion ORFF intitulée Choses étonnantes vues en rêve du compositeur Nicolas Gilbert en 2009.
  • La Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île a fait appel à André Hamel dans le cadre du programme Libre comme l’art qui était suivi de l’activité On joue ensemble de la même commission scolaire. Cinq écoles ont été réunies pour aider à la création et jouer par la suite le fruit des ateliers de création dirigés par le compositeur.
  • De mon côté, j’ai eu le privilège d’être compositeur en résidence pour l’École FACE qui fêtait son 35e anniversaire. Suite à l’expérience FACE, j’ai suivi les traces d’André Hamel avec Libre comme l’art et On joue ensemble. L’auteur-compositeur Mario Chenart m’a demandé de participer à des ateliers de composition pour les élèves d’Esther Gonzalez dans une école primaire anglophone de Montréal : St. Dorothy. Mario s’occupait du volet création de chansons et moi du volet création instrumentale.

C’est sans compter toutes les autres initiatives un peu partout dans la province.

Toutes ces expériences peuvent se décliner en trois types de participation des élèves :

  1. Création
  2. Performance
  3. Création et performance

L’objectif avoué est de donner des outils aux enseignants et aux élèves afin qu’ils puissent profiter de l’expérience et de la vision que peut apporter un compositeur. Ils ont un aperçu de certaines techniques d’écriture et de l’élaboration des structures musicales. Il s’agit d’éléments essentiels à la compréhension de la musique actuelle. Plus un jeune étudiant aura été exposé aux rudiments de la composition, plus il développera une curiosité pour des musiques non traditionnelles. Il enrichit son vocabulaire musical et son sens critique.

J’en profite pour saluer l’initiative de la FAMEQ pour la programmation d’œuvres québécoises prévue au Grand concert du 18 novembre prochain, qui aura lieu dans le cadre de son grand rassemblement annuel. Ainsi, nous aurons la chance d’entendre des œuvres d’Ana Sokolovic, d’André Jutras, de Jonathan Dagenais, de Luc Lévesque, de Richard Poulin, de moi-même et ainsi que d’autres compositeurs d’ici qui s’ajouteront à cette liste.

On doit aussi souligner le travail du Centre de musique canadienne au Québec qui est à la source de plusieurs des projets citée plus haut. Et je salue au passage Mme Mireille Gagné qui quitte son poste de directrice régionale du Québec après 30 ans de travail incessant. Elle a contribué à faire connaître et aider à la diffusion de nos compositeurs canadiens et plus particulièrement québécois.

La diffusion des œuvres est essentielle. L’avenir des compositeurs passe nécessairement par l’appropriation de leurs œuvres par les jeunes d’aujourd’hui qui seront le public de demain. On peut sentir un vent d’optimisme se lever plein de promesses…

Qu’en est-il chez-vous?

Cet article a paru dans la revue Musique et pédagogie de la FAMEQ volume 25 – numéro 3 –  printemps/été 2011

Journal du projet Libre comme l’art (1)

Lundi prochain commence une nouvelle aventure scolaire pour moi.

Le projet Libre comme l’art a pour but d’initier à la composition de jeunes étudiants du deuxième secondaire.

Cinq écoles de la Commission scolaire de la Pointe-de-l’Île prennent part à l’expérience :

  • Anjou
  • Antoine-de-Saint-Exupéry
  • Daniel-Johnson
  • Henri-Bourassa
  • Pointe-aux-Trembles

Un travail de création basé sur l’utilisation de la voix et du corps. Les canevas musicaux suggérés par les deuxièmes secondaires seront par la suite transposés aux instruments composants deux harmonies formées des élèves des cinq écoles. Le concert aura lieu au mois de février 2011. Chaque harmonie sera composée d’environ 60 à 80 musiciens.

Je vous tiens au courant des développements.

Libre comme l’art est une initiative conjointe du Conseil des arts de Montréal (CAM), de la Conférence régionale des élus (CRÉ), du Ministère de l’Éducation, du loisir et du sport et du Centre de musique canadienne (CMC).

Si vous le désirez, n’hésitez pas à commenter le tout ici même.